La présence du houblon est très ancienne en France, déjà au VIIIe siècle il est évoqué dans des ordonnances royales de Pépin le Bref. Plus tard, Jean-sans-Peur, Duc de Bourgogne et Comte de Flandres, décerna dans ce dernier pays des médailles d’or à l’effigie de cette plante.
Elle est adaptée au terroir alsacien et présente déjà un arôme si particulier et si fin, comme une réponse aux attentes des brasseurs et consommateurs de l’époque.
En 1916, Jean Masson, écrit dans la thèse d’ingénieur qu’il présente à l’Institut d’Agriculture de Beauvais : « (…) Parmi les produits agricoles pour lesquels nous sommes tributaires de l’étranger, se trouve le houblon (…) avant les hostilités, la consommation de bière s’accroissait d’une façon étonnante tous les ans : et malheureusement nous faisions trop honneur au Munich et au Pilsen (…) ».
« (…) les industries du Nord et de l’Est de la France ont déjà fait de grands progrès depuis quelques années pour la fabrication de la bière.
Quant au houblon qui est cultivé dans différentes régions de notre beau pays, tout est à faire (…). » Au moment où il écrit sa thèse, la France est en guerre contre l’Allemagne. L’Alsace est déjà considérée comme un prestataire de qualité. La surface totale en équivalent France d’aujourd’hui (France de l’époque plus Alsace) est alors de 6 944 ha répartis dans plusieurs régions de France. L’Alsace représente à cette période plus de 58 %, suivie par le Nord, la Côte d’Or et la Lorraine.
On cultive dans la France de l’époque (hors Alsace) des variétés à tige blanche, des variétés à tige verte et des variétés à tige rouge. Dans le Nord, on distingue deux régions : la région flamande (près de 700 ha) et la région cambrésienne (près de 50 ha). En Bourgogne, le houblon présente un grand intérêt pour sa qualité. Il y est introduit vers 1835 à Beire le Chatel et se répand ensuite rapidement dans les vallées de la Saône, de la Tille et de la Vingeanne. Les variétés à tiges rouges sont prépondérantes, mais elles dégénèrent rapidement (Saaz, Haguenau). En Lorraine les variétés à tiges vertes dominent, avec un re-plant d’Alsace.
Dès le XVe siècle, le houblon est recherché en Alsace du fait de l’activité brassicole régionale. La première plantation de houblon en Alsace remonte à la révolution française pour s’affranchir de l’approvisionnement d’origine est-communautaire.
En 1808, la première exploitation houblonnière voit le jour. En 1840, la production du Bas Rhin s’élève à 120 ha et atteint son apogée au début du XXe siècle avec 4600 ha. Entre 1927 et 1929, le houblon connaît son âge d’or. Les cours flambent avant une surproduction mondiale. La production alsacienne est le double de la capacité d’absorption du marché mondial, ce qui entraine une chute des prix.
L’annexion de l’Alsace et les deux guerres mondiales auront raison du houblon alsacien réduisant la surface à 560 ha en 1945. Les autorités allemandes ayant imposé une réduction drastique des surfaces en France. L’Alsace représente alors 75 % de la production française.
En 1939, le sénateur URBAN fonde à Strasbourg, la COPHOUDAL (COopérative des Planteurs de HOUblons D’ALsace). Elle regroupe alors 363 producteurs et a pour objectif la réception, le conditionnement et la vente en commun. Après la guerre, la production reprend pour atteindre 1280 ha en 1958. Elle retombera à 425 ha en 1988 au gré des surproductions et des fortes fluctuations des prix.
Fin des années 1980, on ne compte plus en France que 685 ha dont 90 % en Alsace. Les fluctuations de marché restent toujours importantes, mais les planteurs alsaciens décrochent un gros contrat pluriannuel en 1970 avec le premier brasseur du monde (Anheuser Bush), ce qui permet de relancer les houblonnières dans cette région et la variété Strisselspalt.
Le plan de recherche variétale est rapidement lancé pour nous amener à la situation actuelle avec la création des premières variétés françaises : Aramis, Triskel, Barbe Rouge, Mistral, Elixir et Theorem.
En France, en 2008, les surfaces houblonnières sont de 28 hectares dans le Nord Pas de Calais et de 770 ha en Alsace dont 612 ha de Strisselspalt. La qualité et la finesse de cette variété permettront d’asseoir la notoriété de la Cophoudal – houblon fins d’Alsace.
En 2019, à la faveur du redéploiement du houblon sur tous les territoires, la filière a entamé une structuration profonde à l’occasion du lancement des premières assises du houblon. Ce premier évènement national a permis de proposer à l’ensemble des acteurs la vision stratégique FranceHoublon 2022, la filière française de houblon a affirmé sa nouvelle ambition : «écrire ensemble, le renouveau du houblon français». Ce plan a eu pour objectif de créer un institut technique du Houblon (ITH) mission assurée par l’ITEIPMAI et une interprofession en 2020. InterHoublon sera créée officiellement à l’occasion du Salon de l’Agriculture 2020 avec le Ministre de l’Agriculture Didier GUILLAUME. Le premier plan Cotisation Volontaire Etendue (CVE) sera lancé le 1er juillet 2021.
En 2024, la France 10ème pays de production avec 750 ha représente moins de 1 % de la surface mondiale. La force de la filière est d’avoir su maintenir la culture du houblon au travers des siècles car la France est un pays de tradition houblonnière et le restera !